Démarche

Mes créations relèvent d'une esthétique de l'impermanence, de l'équilibre instable, de l'effondrement. À l'instar des archéologues, j'introduis l'idée du fragment comme archive matérielle, signe mémoriel qui évoque et permet de repenser des objets ou espaces perdus, mais aussi d'en imaginer de nouveaux.

De formation scientifique je suis intéressée par tout ce qui permet de comprendre les phénomènes biologiques, physiques, anthropologiques, sociologiques... Recherche, expérimentation, approfondissement sous-tendent mes réflexions et enrichissent mes productions.

Pour chacune de mes créations, je cherche le point d'équilibre qui marque encore l'unité malgré une dislocation en cours: focus sur des phénomènes de déstructuration et de fragmentation. Les formes originelles sont encore repérables mais déjà des changements profonds apparaissent. Métaphores visuelles du devenir de l'homme: évolution ou extinction ?

J'expérimente des techniques différentes où les matériaux participent du sens de mes créations. Extraire, fragmenter, remplir, déplacer, superposer, creuser, assembler… geste et réflexion sont indissociables. Il est souvent question de sculpture fragile, structure éphémère qui se plient, se déplient et se replient. L'abstraction du signe architectural, les phénomènes de morphogénèse sont au cœur de mon processus de création : dynamiques alternées de construction / déconstruction, de croissance / décroissance.

Par ailleurs, la rencontre avec des céramistes japonais m'a permis d'orienter mes créations dans l'esprit du Kintsugi. Art et philosophie qui amènent à repérer la beauté dans l'imperfection, à souligner les fractures, réparer les fêlures en les magnifiant avec un trait d'or.

Mes nouvelles séries (peintures, sculptures papier, installations) s'inscrivent dans la continuité des précédentes, (Esprit de glacier, Focus Urbains, Archi instable…) où, désordre à l'échelle microscopique et/ou macroscopique, effondrement, destruction, disparition, témoignent des grandes mutations des sociétés humaines aujourd'hui et à venir.

Malgré les projections alarmistes sur le devenir de nos sociétés consuméristes, je garde l'infime espoir d'une réparation possible, d'une modération retrouvée et d'une prise de conscience.